Une équipe de chercheurs1 obtenait récemment 253 000 $ du Fonds
fédéral pour l'adaptation des services de santé, afin
d'analyser les transformations dans les pratiques des organismes communautaires
dans le cadre de la réorganisation du réseau de la santé et
des services sociaux au Québec. Selon M. Jean-François René,
chercheur principal et professeur au département de travail social
à l'UQAM, il n'y a pas eu, au Québec, une recherche récente
d'une telle ampleur permettant de porter un regard global sur les pratiques des
orga- nismes communautaires.
Le contexte de la recherche
Comme l'explique M. René, depuis le
début des années 1990, le réseau de la santé et des
services sociaux au Québec a connu une réforme majeure qui comporte
plusieurs volets. Un de ceux-ci concerne la reconnaissance du travail du
mouvement communautaire. Ainsi, les intervenants dans le domaine de la
santé ont attribué aux groupes communautaires un statut officiel de
partenaires. «En fait, souligne M. René, ce mouvement, depuis les 20
dernières années, s'est affirmé comme un acteur de premier
plan dans plusieurs secteurs. Pensons, notamment, aux centres de santé
pour les femmes, aux maisons d'hébergement pour jeunes ou pour femmes, ou
encore aux organismes travaillant auprès de sidéens». Bref,
les acquis sont multiples: approche globale des problèmes, souplesse dans
l'accueil, structures participatives, démocratisation, etc. «Autant
d'attributs qui, estime M. René, distinguent les organismes communautaires
du réseau institutionnel». Cependant, ajoute-t-il, on ne dispose
pas, à l'heure actuelle, de données à propos de l'impact de
la réorganisation du réseau sur les pratiques de ces organismes.
Les objectifs du projet
Le projet de recherche, d'une durée de deux
ans, porte sur trois secteurs d'intervention fortement touchés par la
récente reconfiguration du réseau: l'intervention dans le secteur
famille-petite enfance, celle auprès des jeunes (adolescents et jeunes
adultes) et enfin, l'intervention auprès des femmes. Les objectifs
consistent à:
- décrire et documenter l'état actuel des
pratiques communautaires (populations desservies, approches, activités et
services, formes d'organisation interne);
- identifier les transformations qui
marquent présentement ces pratiques;
- montrer comment les
transformations affectent les services des groupes communautaires. «Nous
chercherons, précise Jean-François René, à saisir les
perceptions qu'ont les acteurs eux-mêmes des transformations et de leurs
impacts. Est-ce que les groupes communautaires pourront conserver leurs attributs
ou leurs vertus, et si oui, à quel prix ?» L'approche
méthodologique sera à la fois quantitative et qualitative.
Près de 500 questionnaires seront acheminés à des organismes
dans tout le Québec et un regard plus en profondeur sera porté sur
une douzaine d'entre eux en fonction des secteurs d'intervention retenus.
Pour M. René, «On aura enfin un portrait plus imposant permettant
aux décideurs et aux milieux institutionnels et communautaires
d'être mieux outillés pour comprendre le travail des organismes. Ils
y trouveront matière à réflexion tant en ce qui concerne les
avenues que peut prendre le mouvement communautaire, que les enjeux que cela
comporte».