Volume XXVI Numéro 9, 14 Février 2000
13/09/99 27/09/99 12/10/99 25/10/99 8/11/99 22/11/99
17/01/00 31/01/00 14/02/00 28/02/00 13/03/00 27/03/00 10/04/00
LES ARCHIVES
LA UNE

Le CA désigne Gilbert Dionne

La vie après 50 000 ans

Inauguration de la Faculté de science politique et de droit


SOMMAIRE DU NUMÉRO



Le CA désigne Gilbert Dionne

La vie après 50 000 ans

Une santé de fer pour la mer

Inauguration de la Faculté de science politique et de droit

Entreprises et milieu éducatif

L'intégration des chargés de cours

Création de l'École de travail social)

1760-1840 : une époque à redécouvrir

La maîtrise en art dramatique a 20 ans !

Boursiers en études littéraires

75 000 $ en bourses en écologie forestière

Des boursières qui ont de la branche!

Bourses de l'AUF

Un grand chef à l'UQAM

Portes ouvertes à l'UQAM

Vingt ans de recherche et de création

Colloque des diplômés en études des arts

Titres d'ici

VITE LU

SOUTENANCES DE THÈSE

La vie après 50 000 ans
David Bird, professeur au Département des sciences biologiques.
Des bactéries se réveillent en laboratoire après avoir été emprisonnées pendant plus de 50 000 ans sous près de 4 kilomètres de glace... À première vue, on a l'impression qu'il s'agit là d'un scénario signé Michael Crichton ou Steven Spielberg. Et pourtant, il ne s'agit pas de science fiction mais bien de science tout court! Cette découverte majeure - dont les tenants et aboutissants ont été relatés récemment dans la prestigieuse revue Science - on la doit, entre autres, à David Bird, professeur au Département des sciences biologiques1, ainsi qu'à cinq de ses collègues oeuvrant à l'Université d'Hawaii à Honolulu2.

Le Lac Vostok : un écosystème des plus isolés
Si la présence de lacs enfouis sous les immenses couches de glace de l'Antarctique est connue depuis trois décennies, ce n'est que récemment, grâce à la télédétection, que l'on a pu connaître avec plus de précision leur nombre - 77 à ce jour - et leurs dimensions. « C'est un satellite canadien qui a réussi à découvrir le Lac Vostok. Sa superficie, d'expliquer M. Bird, s'apparente à celle du Lac Ontario, à la différence près qu'il se trouve dans le voisinage du pôle Sud, sous 4 kilomètres de glace, et qu'il n'a pas été en contact avec l'atmosphère depuis au moins un million d'années ». Autant de conditions qui en font un des écosystèmes les plus isolés de la planète. Aussi, lorsque des chercheurs américains l'ont invité à collaborer avec eux afin d'établir l'existence d'une activité biologique dans de la glace prélevée à quelque 120 mètres au-dessus de cet immense lac souterrain, le professeur Bird n'a pas hésité une seconde : « Oui... oui! J'en suis! ».

Le grand sommeil
Dès lors, il fallait agir vite - compétition oblige - mais surtout agir bien, ce qui était moins évident. Mentionnons qu'une autre équipe de chercheurs, avant eux, avait constaté (et quantifié) la présence de micro-organismes dans un échantillon de glace remontée, à l'aide d'une carotte, d'une profondeur d'environ 3 600 mètres. Morts ou vivants ces micro-organismes congelés depuis 50 000 ans? Question difficile à résoudre mais à laquelle se sont attaqués, avec succès, David Bird et ses collègues. À partir d'autres fragments de glace provenant des mêmes profondeurs abyssales, ils ont été à même de déceler des particules inorganiques, ainsi que des populations de micro-organismes dont une partie s'est révélée viable à une température de 3 degrés Celsius. Résultat qui, selon les chercheurs, suggère que le Lac Vostok accueille en ses eaux limpides quantité de petites bestioles vivantes!

La vérité est ailleurs?
Évidemment, une découverte comme celle-là suscite l'intérêt de tous, en particulier des microbiologistes : comment ces bactéries - inoffensives - ont-elles fait pour survivre durant tout ce temps dans un tel environnement? Il y a peu, on pensait qu'il était impossible de trouver trace d'une activité biologique dans des conditions aussi extrêmes... Des conditions qui, de rappeler M. Bird, ne sont pas sans en évoquer d'autres, analogues, ailleurs... N'a-t-on pas aperçu de la glace sur la Lune, et plus récemment, sur la planète Mars? Dès lors, ne pourrait-on imaginer y trouver de la vie? Scénario de science fiction? Certes... à tout le moins pour l'instant!

1. David Bird est professeur titulaire à l'UQAM depuis 1991. Ses recherches portent notamment sur : l'écologie des microbes des eaux douces et des eaux marines; l'influence du rayonnement ultraviolet sur la dynamique des bactéries dans les lacs. Parmi ses objectifs de recherche figure la mise au point de nouvelles méthodes d'isolement, de manipulation et de dénombrement des particules virales et des bactéries.

2. Il s'agit de D. M. Karl, K. Björkman, T. Houlihan, R. Shackelford et L. Tupas, de la School of Ocean and Earth Science and Technology (SOEST), rattachée à l'University of Hawaii, Honolulu. Avec David Bird, ils ont publié le compte rendu de leurs travaux dans la revue Science, le 10 décembre dernier, volume 286, pp. 2144-2147.